Le budget

Les prévisions budgétaires de film se réfèrent à la gestion du budget pour un film pendant sa phase de production.

Pendant le développement du scénario, un budget grossier (brut) est produit par des cinéastes pour convaincre des producteurs de films et des studios de leur donner le feu vert pour la production. 

Pendant la pré production, un budget de film beaucoup plus détaillé est produit. Ce document, qui pourrait contenir plus de 150 pages pour un long métrage, est utilisé pour garantir (sécuriser) le financement du film. Un budget est typiquement divisé en quatre sections : au-dessus-ligne (le talent créatif), au-dessous-ligne (adressent des coûts de production), la post production (la rédaction, des effets visuels, etc.) et divers (l'assurance, l'obligation d'achèvement, etc.).

Le budget

Le budget au cours des différentes étapes de la production

Ventilation des frais

Dépenses en écriture de scénario, achat de droits dans le cas d'une adaptation, frais inhérents au casting, aux producteurs, aux repérages, frais de gestion (comptabilité, crédits bancaires, assurances) qui vont se retrouver aussi dans les autres phases...

Paiement du salaire des acteurs, des techniciens, des figurants.

Réalisation ou location des décors et costumes, dépenses d'intendance (repas, hôtel, déplacements). Frais liés aux consommables, au matériel (acheté ou loué)...

Frais de réalisation d'effets spéciaux, de montage, de traduction et de doublage, de diffusion.

Achat de droits et/ou paiement d'un compositeur pour la musique.

Toutes les dépenses en assurances, communication, marketing et publicité, qui représentent pour les blockbusters un montant égal ou supérieur au budget de production du film.

Le coût du film

Il est évident que le budget d’une production cinématographique varie considérablement en fonction de la complexité du scénario, du nombre de participants à l’élaboration et à la conception du projet ainsi qu’à la durée de la post production.

Toutefois, pour bon nombre de productions indépendantes, le budget peut également être réduit en utilisant différentes techniques. 

Réduire vos coûts de production

Vous êtes un producteur indépendant, un réalisateur amateur et vous n’avez pas à votre disposition les sommes importantes investies par les grandes maisons de production ? Voici quelques trucs afin de réduire vos coûts de production. 

Éliminer les scènes de nuit

Les coups de tournage la nuit exigent de l'éclairage puissant/cher et le paiement de taux (tarifs) de nuit à l'équipe.

Beaucoup de directeurs photo utilisent la post production et les effets de nuit américaine (tournage le jour en ajoutant une teinte bleutée à l’image au montage) pour recréer la nuit à peu de frais. 

Évitez le tournage dans des secteurs commerciaux

Tourner une scène, par exemple, sur la rue Ste-Catherine en plein cœur du centre-ville de Montréal, exigent l’arrêt du trafic et le support des forces policières ainsi que plusieurs autorisations de la ville. Cela affectera les recettes des commerçants ayant pignon sur rue, qui exigeront probablement une compensation financière. Il est possible qu’un segment de la rue, beaucoup plus à l’est de la ville, soit moins problématique et ne requière alors qu’une autorisation du bureau de cinéma. Une autre possibilité est de modifier votre scénario afin que l’action se situe sur une rue différente.

Il est bon aussi de noter également que, nombreux sont les commerces qui acceptent volontiers de prêter gracieusement leur local en dehors des heures d’ouverture. C’est les cas de certains restaurants, boutiques et club de nuit. 

Tournez vos scènes d'action tôt dimanche matin

L'arrêt du trafic pour une scène de poursuite est plus facile dans les premières heures de dimanche matin, quand le trafic est à son le plus léger.

Le choix des comédiens

En prenant soins de ne pas affecter la qualité du rendu, il est possible d’avoir recours à des comédiens moins connus ou à des finissants du conservatoire d’arts dramatiques plutôt qu’à des comédiens reconnus.

Les salaires et les charges sociales seront alors moins élevés.

Le paiement différé des salaires

En demandant à vos collaborateurs (acteurs, producteurs, équipe technique) de différer une partie de leur salaire, vous serez en mesure de produire votre film à moindre coût.

La portion du salaire différé sera versée avec les profits générés par la distribution de votre film.

Toutefois, des ententes écrites sont nécessaires avec certains organismes tels que l’UDA (Union des artistes) ou les associations professionnelles des techniciens. 

L’équipe technique académique


Il existe plusieurs programmes académiques en cinéma dans les écoles de votre région. Faites appel à des finissants.  Ceux-ci seront enchantés de participer à un tournage d’envergure.


Tournez votre film en région

Il est souvent plus complexe de tourner un film dans les grandes villes. En vous éloignant un peu des centres, vous aurez accès à une plus grande ouverture de la part des conseils de ville dans des régions qui ne reçoivent généralement pas de tournage.

Il vous sera également possible de faire des demandes de subvention qui s’adressent spécifiquement aux productions en région. Autre fait intéressant, la main d’œuvre y est souvent moins dispendieuse. 

Négociez des ententes de commandites avec les commerces avoisinants 

Lorsque l’on effectue un tournage, il n’est pas rare d’utiliser les produits et services des commerçants qui entourant les lieux du tournage.

Contactez-les quelques mois avant le début du tournage et concluez, avec eux, des ententes pour les repas, l’hébergement, le stationnement, l’utilisation électrique, les toilettes, les loges, etc. 

Maximisez le temps de tournage

Choisir des lieux de tournage à proximité les uns des autres diminue le temps de déplacement et réduit les coûts considérablement.

À titre d’exemple, pour le tournage du court métrage «Donnez-moi des roses» (www.bielafilm.ca/roses) la même maison a été utilisée pour les scènes reliées à trois sites différents.

Chacune des pièces représentait une maison différente. Ceci a permis de réduire les déplacements et d’effectuer le tournage de quatre scènes dans la même journée. 

La planification budgétaire

Le financement d’un film est sans contre dit l’étape cruciale d’un projet. Sans argent, point de film. À moins de posséder déjà la notoriété nécessaire dans le milieu cinématographique, vous serez confronté à plusieurs obstacles lors de votre recherche de financement.

Comme je l’ai décrit dans le fascicule sur les notions de base, plusieurs choix s’offrent à vous pour le financement de votre projet : Association avec un producteur, l’auto-production, la vente de vos droits, etc.

Au début de votre carrière, vous serez probablement contraint à produire vous-même vos projets. Si tel est le cas, il est quand même possible d’obtenir du financement chez des partenaires d’affaires.

Le financement d’un film s’effectue par étape et couvre la portion du développement du projet (scénarisation, droits, recherche), celle de la production (tournage, casting, équipement) et finalement l’étape de la post production (montage, commercialisation, distribution).

La démarche de recherche de financement est généralement longue et ardues. Vous devrez tenir compte de ce fait dans votre calendrier de production. Si vous faites appel à des programmes publics (tel que le programme d’aide aux jeunes créateurs de la SODEC – Gouvernement du Québec) vous devrez également prendre en considération les différentes dates de dépôts des projets et des délais de réponse.

Le financement d’un film s’effectue en fonction de son genre, de sa durée et du public cible. Le producteur a donc intérêt à préparer soigneusement le devis du coût de la production avant de procéder à sa recherche de financement.

MONTER LE FINANCEMENT

Il est rare qu’un film soit entièrement produit par une seule source. Nous devons généralement faire appel à différentes instances pour accumuler les fonds nécessaires à la production d’un film. Plus le film est coûteux, plus il requiert de participation de différentes avenues. En ayant préalablement configuré votre budget de production, vous êtes maintenant prêt à contacter des investisseurs potentiels. Mais qui contacter? Plusieurs sources sont à votre disposition.

En fonction du genre de votre film, de son public cible, de sa portée sociale, des intentions de diffusion; on commence par dresser une liste des organismes et des fonds (par exemple la SODEC, Téléfilm Canada, Le fond des câblodistributeurs, etc.) susceptibles d’être intéressés à investir dans votre projet. Prenez bien note des différentes dates de présentation des demandes de subventions et des critères d’évaluation des projets et de sélections. C’est à ce moment que l’on fixe le pourcentage de contribution exigée à chacun des organismes. 

Sources de financement possibles

Parmi les sources de financement possibles nous retrouvons les suivantes :

1. Les organismes gouvernementaux

            Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC)

            Téléfilm Canada

            Le conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ)

            Le conseil des arts du Canada (CAC)

            L’Office nationale du film (ONF)

2. Les fonds privés

            Le fonds Canadien de la télévision

            Le fonds COGECO

            Le fonds indépendant de production

            Le fonds Harold Greenberg

            Etc.

3. Les mesures fiscales (Crédits d’impôts provincial et fédéral)

4. Les télédiffuseurs privées et publics

5. Les distributeurs

6. Les différés sur les cachets

7. Les commandites (en service ou en argent)

8. Les centres d’artistes

9. Les amis et la famille

L’aide financière sous toutes ses formes

La participation financière de vos collaborateurs à un projet de production peut prendre différentes formes.

L’investissement :

Lorsqu’un bailleur de fonds investi dans votre projet, cela lui accorde certains droits sur les revenus générés par la production du document et ce, tout au long de la vie de votre document.

La subvention :

Un montant est versé à la production sans obligation de remboursement. Cette méthode est généralement pratiquée par les organismes.

L’avance récupérable :

Les distributeurs utilisent cette forme de financement et récupèrent le montant investi à même les revenus futurs du film. Aucun droit n’est alors cédé au distributeur qui se remboursera au fur et à mesure que le film fera des profits.

Les différés :

Une partie des cachets ou des salaires sera versée uniquement à partir des revenus générés par la distribution ou la vente du document. Il est à noter que les différés seront toujours les premiers à être remboursés au moment ou le film génèrera des profits. 

Montage de la structure financière 

Le montage de la structure financière s’effectue une fois le budget complété. Il permet d’identifier les différentes sources de financement du film. L’apport du producteur est alors identifié et combiné aux éléments constituant le financement.

Par exemple, les salaires différés, les apports en équipements divers, les placements produits, les investissements privés et publiques ainsi que les commandites, pour ne nommer que ceux-ci, serviront à finaliser le montage de la structure financière.