L'assemblage des scènes

Avant de procéder au montage, le monteur, en compagnie du réalisateur, visionne tous les plans tournés, de chacune des scènes pour sélectionner les ou les meilleures performances. Il note sur la «cue sheet» l’information qu’il utilisera pour garder le suivi des plans à utiliser.

Parmi l’information utile on retrouve : La date de tournage, Le numéro de ruban, Le numéro de la séquence, scène et du plan, Le timecode (genlock) sur la bande, La durée du plan (en 00 :00 :00 :00 hres – min – sec – frame) 

Dans le cas d’un moyen ou d’un long métrage, la première édition consistera à aligner les plans d’ensemble retenus pour chacune des séquences en une ligne d’action continue. Cette ligne d’action comportera le minimum de plans pour raconter l’histoire. Cet assemblage vous permettra d’avoir un premier regard sur votre projet dans sa totalité avant de commencer à focaliser sur les détails du montage. 

Le premier jet

Maintenant le vrai travail commence. Nous vous suggérons d’effectuer le montage de votre film, par séquences, en travaillant une scène à la fois. À l’aide de votre cue sheet, sélectionnez les différents plans et plans de coupe à utiliser pour la scène selon la qualité de l’image, de la performance des acteurs, du rythme que vous voulez imposer et de l’intrigue que vous désirez constituer.

Quand vous avez une bonne version de travail d'une scène sur la piste de montage, procédez à l’assemblage afin que la scène se construise progressivement à travers sa complexité. Assurez-vous de sauvegarder les versions de votre édition plusieurs fois par jour afin de garder une copie de tous les choix que vous avez faits.

Malgré vos modifications sur la piste de montage, assurez-vous de conserver la synchronisation son-image de vos différents plans. Vous pouvez également commencer, à ce moment-ci, à supprimer les bruits ou des sons inutiles, mais n’ajoutez pas de sons supplémentaires encore. Le premier jet est achevé quand chacune des scènes a été analysée individuellement et placée sur la piste d'édition. Prenez ensuite une pause pour la nuit et revoyez ensuite votre premier jet (en boucle) le lendemain. Prenez votre bloc-notes et commencez à passer en revue le film, arrêtant çà et là pour noter les changements que vous voudriez essayer. Dans le cadre d’un long métrage ce processus peut prendre plusieurs d'heures.

Le pré montage

Maintenant le processus pour s'approcher du montage final commence. L’interdépendance entre les scènes pourrait générer des problèmes mais, maintenant qu'elles sont toutes parties intégrantes du film, les solutions qui s’imposent deviendront plus claires. Certains problèmes sembleront insolvables. Poursuivez tout de même votre travail et revenez aux problèmes plus tard.

Le bruitage et la musique peuvent être ajoutés à cette étape. Toutefois, l’ajout de musique et de bruit augmentera la complexité de votre travail. Assurez-vous d'essayer un tas d'idées, en vous assurant de conserver une copie de chaque version qui pourra être réutilisée si nécessaire.

Il est difficile de déterminer le moment exact où un pré montage devient le montage final. C’est souvent lorsque le monteur estime que chaque idée a été entièrement explorée. Demandez à des amis de regarder votre pré montage. Le visionnement aux côtés d’un regard neuf peut soulever des problèmes d’édition que vous avez précédemment manqué. Prêtez attention à toutes quelles questions que le montage provoquera. 

Version finale

Le montage final de votre film n’est pas complété tant que tous les problèmes soulevés par vos spectateurs tests ne soient satisfaits. S'il y avait des problèmes majeurs qui ne sont pas tout à fait traitables alors il est, peut-être, maintenant le temps où vous devrez être courageux et expérimenter de nouvelles avenues. Cela peut vouloir dire de modifier votre pré montage pour une ou deux scènes.

La version finale de votre film est complétée lorsque chacun des plans, dans chacune des scènes, pour l’ensemble du film produit une trame (ou un flux) sans anicroche. Une fois que le montage final est approuvé et que l'on considère que le film ne nécessite plus aucun changement, le projet sera alors sauvegardé et des copies de sauvegarde additionnelles seront faites.

Le montage d'une scène dramatique

Étape par étape pour un résultat à la hauteur de vos attentes

Il y a deux types de scènes dans un film dramatique : les scènes d'action et les scènes de conversation. Il est important de connaître cette notion car les scènes de conversation sont montées différemment des scènes d'action.

Conversation vs action

La scène d'action = aucun dialogue

Les scènes d’action sont des scènes (ou partie de scène) au cours desquelles il n’y a pas de dialogue.

La scène de conversation = dialogue

Les conversations sont des scènes (ou partie de scène) au cours desquelles les comédiens parlent sans arrêt d’un à l’autre. (Normalement, un monologue est considéré comme une scène d’action puisqu’il n’y a pas de rythme entre deux acteurs).

Règle d’or: Quand deux personnes ou plus parlent de l’un à l’autre, vous avez une conversation (dialogue). Le reste du temps, la scène est considérée comme «action».

ACTION ... Recherchez les meilleures images

Les scènes d’action se montent en fonction des images et du rythme. Comme il n’y a pas de dialogue, il est donc essentiel de raconter l’histoire visuellement. 

Édition des dialogues

Conservez le rythme naturel entre les comédiens. Contrairement aux scènes d’action, les scènes de dialogues se montent selon le rythme de la conversation entre les comédiens. Il doit donc sembler parfaitement naturel pour le spectateur… ce qui est un peu surprenant puisque, la plupart du temps, le dialogue de chacun des acteurs provient de plusieurs plans tournés séparément. Vous êtes donc décideur du délai imposé qui existera entre l’intervention d’un acteur à l’autre. Dans un dialogue, l’audio est plus important que l’image en soi. C’est pourquoi le montage de ce genre de scène se fera basé sur le son plutôt que l’image. Lors d’une scène de dialogue, si l’image est mauvaise mais que le son est impeccable, le spectateur croira que c’est volontaire. Toutefois, dans le cas où l’image serait parfaite mais le son médiocre, le spectateur s’en plaindra. 

Exemple – Choisir le plan de coupe lors du montage d’un dialogue
Une conversation typique entre deux personnes est généralement tournée à l’aide de plans nommés «over-the-shoulder shots» en utilisant qu’un seul micro, positionné au-dessus de la tête des acteurs, pointant en direction de l’acteur qui parle.

Son du comédien A
Lorsque la caméra filme l’acteur A par-dessus l’épaule du comédien B, vous entendrez le dialogue du comédien A clairement. Par contre, comme le micro pointe en direction du comédien A le signal du son de notre comédien B sera plus faible.

Son du comédien B
Lorsque la caméra film l’acteur B par-dessus l’épaule du comédien A, le dialogue du comédien B, qui est maintenant directement sous le microphone sera parfaitement audible alors que celui du comédien A sera en sourdine. 

Règle
C’est pourquoi, au moment du montage, vous utiliserez le son «dialogue» des plans tournés pour chacun des comédiens. Il est possible (en séparant les pistes audios et vidéos) d’utiliser le son d’un acteur avec l’image de l’autre pour générer des plans des réactions de l’acteur A aux propos de l’acteur B.

Votre seul élément ajustable
L’unique choix que vous possédez est le délai ou le temps entre les dialogues. Votre but est de le rendre le plus naturel possible. Cela peut sembler un défi mais en réalité ça ne l’est pas tant que cela. Qui plus est, dans certaines circonstances spéciales, vous pourrez augmenterer volontairement le délai entre les dialogues afin d’y positionner des éléments tels que la musique d’ambiance ou des effets sonores. 

Voici les étapes pour effectuer l’édition des dialogues dans un film narratif dramatique :

Étape 1 – Étudier tous les plans de coupe
La première étape consiste à évaluer vos plans de coupe afin d’y trouver les meilleures prises à utiliser.

La performance avant tout
Lorsque vous analysez vos segments, vous devez rechercher le meilleur son et la meilleure interprétation du dialogue par l’acteur.

Ignorez l’image… si possible.
Puisque vous recherchez la meilleure qualité audio d’un dialogue dans une conversation, vous ignorerez pratiquement les images pour vous concentrer sur le langage. Si le clip sélectionné possède un audio exceptionnel mais une image de piètre qualité, vous pourrez toujours corriger la situation en utilisant des insertions comme solution de rechange.

La procédure
Une fois le clip sélectionné, vous devrez choisir le point d’entrée et de sortie du clip en rognant les portions inutiles. Après quoi, vous positionnerez votre clip sur la table de montage pour en extraire une piste brouillon. Répétez cette procédure pour chacun des clips «dialogue» qui seront utilisés dans la scène selon le découpage technique proposé par le réalisateur.

Comment rogner les clips
Il n’existe pas de règle pour le rognage des clips de dialogue. Toutefois je préfère introduire le dialogue d’un acteur sur le silence de l’autre acteur. Je tente donc de rogner le clip à mi-chemin dans le silence de l’acteur pour assurer la continuité du rythme naturel de la conversation. 

La piste brouillon

Pour valider votre rythme

Vérifiez le rythme
Une fois que vous aurez déterminé les meilleurs clips (pour chaque portion de dialogue : acteur A dit ceci, acteur B dit cela, acteur A dit ceci, acteur B dit cela) vous assemblez les clips sur la table de montage en respectant le scénario. Écoutez ensuite le flux de la conversation de la piste brouillon. Le rythme de la conversation devrait vous semblez naturel entre les acteurs. Au cas contraire, c’est le moment d’apporter les correctifs nécessaires afin d’uniformiser le rythme.

Les discontinuités visuelles sont acceptables… pour l’instant
Lorsque vous regardez le brouillon de la scène, il est possible que vous remarquiez une discontinuité visuelle entre les plans. Par exemple, à la fin du plan, un acteur peut regarder dans une direction et, au début de l’autre plan, l’acteur regarde dans la mauvaise direction. Ne paniquez pas! C’est tout à fait normal lorsque l’on travaille avec le brouillon. Pour le moment, concentrez-vous sur les dialogues et assurez-vous que le son et le rythme sont parfaits. Cela doit être votre seule préoccupation.

Sauvegardez votre piste audio
Une fois l’ajustement audio de la conversation terminé, sauvegardez la piste audio de la scène. L’ajout du bruitage et des effets sonores se fera plus tard. 

Ajuster les clips et l'audio

L’étape suivante consiste à ajuster les clips (point d’entrée et de sortie) avec le son afin d’éliminer les discontinuités visuelles et, éventuellement, améliorer l’aspect général de la scène. Prenez garde de ne pas affecter votre piste audio. L’effet tennis… ennuyant à mort!

Une fois le brouillon terminé, la scène ressemble à une partie de tennis… alternant d’un acteur à l’autre au rythme des dialogues de chacun. On se lasse rapidement de cette alternance. 

Faites rejouer la scène et ajoutez-y des insertions au besoin 

Nous arrivons à l’instant amusant du montage d’une conversation entre deux personnes... l'ajout d’insertion aux plans de coupe. Il existe plusieurs raisons pour l’ajout d’insertion à vos plans de coupe dans la scène. Quelques fois, cela sert à dissimuler des problèmes de raccord entre deux plans ou simplement pour masquer un mauvais cadrage.

À certaines occasions, l’insertion d’un nouveau plan (cut away) aide à mieux raconter votre histoire. Il peut également ajouter visuellement une nouvelle information si les autres plans sont trop longs ou trop statiques. Les logiciels de montage tels que Final cut, Vegas Pro ou Premiere permette d’insérer votre clip (cut away) simplement sur une trame au-dessus de la trame de votre dialogue. La plupart du temps, vous n’ajouterez que le visuel en supprimant l’audio. 

Astuces

Lorsque vous montez une scène d’action, vous êtes en mesure de ralentir le rythme de la scène en montrant différents angles ou points de vue. Quand une voiture explose, vous pouvez répéter l’action, encore et encore, en utilisant 3 ou 4 angles. Vous n’avez pas le même loisir dans une scène de dialogue. Les acteurs parlent à une seule vitesse. Il serait impensable de répéter le même dialogue à deux ou trois reprises. Vous ne pouvez donc pas modifier cette vitesse en post production… à moins que!!!

La musique narrative

En fait, il y a un moyen qui vous permet d'habiller un segment long lors d’une conversation; ajoutez de la musique narrative (musique qui aide à raconter l’histoire). La musique est ainsi utilisée comme un acteur durant la conversation. Quand vous augmentez la durée du silence entre les dialogues pour ajouter une musique expressive, vous avez alors l’opportunité de montrer plus de réactions de la part des comédiens. C’est une technique utilisée, au besoin, par les monteurs afin d’accroître la durée d’une scène de dialogue. Vous devez tout de même vous assurer que le flux de la conversation, incluant l’ajout de la musique, demeure naturel. La musique doit contribuer à la conversation et ne peut, par conséquent, n’être qu’une musique d’ambiance.

La meilleure transition visuelle

Un élément important à observer est la continuité visuelle. Vous serez parfois obligé de modifier votre point d’entrée et de sortie de votre plan pour en assurer une bonne continuité (raccord).

Soyez attentif à la synchronisation des lèvres

Soyez très attentif à la synchronisation du son et de l’image (lèvres des comédiens). La plupart du temps, une scène de dialogue utilise des plans «over the shoulder» éliminant ainsi les problèmes de la synchronisation des lèvres puisque vous ne voyez jamais les lèvres de l’acteur qui ne parle pas. Par contre, dans les plans larges, le visage des deux acteurs est visible. Vous devez alors redoubler de prudence afin de vous assurer de la bonne synchronisation des voix et des lèvres.

Emphase sur les réactions

Il est aussi possible d’insérer les réactions silencieuses d’un acteur aux propos de l’autre acteur. C’est un moyen puissant d’attirer l’attention des spectateurs sur un acteur en particulier.

Le montage d'une scène d'action

Nous venons de passer beaucoup de temps à définir le montage des conversations (dialogues) mais quand est-il des scènes d’action? 

Il n’existe tout simplement pas de règle proprement dite pour le montage des séquences d’action. Dans ce genre de scène, l’histoire est racontée à travers l’image. De ce fait, toutes les images racontant l’histoire sont acceptables. Vous avez donc la liberté d’utiliser votre imagination dans la procédure de montage.

Lorsque l’on édite une conversation, nous devons respecter l’ordre des dialogues dans le scénario (script). Les dialogues sont fixes et ne peuvent être interchangés. Mais dans la scène d’action, vous avez toute la liberté de faire ce qu’il vous plait avec le matériel qui vous a été donné. Souvenez-vous, il n’y a pas de règle.  

Manipuler le temps

La perception de la continuité du temps

Prémisse du temps

L’une des tâches cruciales en montage vidéo est la manipulation de la perception de continuité du temps. Bien qu’à l’occasion votre film se déroule en temps réel, il est plutôt rare que cela soit effectivement le cas. Dans la plupart des situations, la durée de votre vidéo sera bien différente de la réalité dans laquelle votre histoire évolue.

Il existe trois méthodes pour présenter le temps à l’intérieur de votre vidéo ou de votre séquence :
Le temps allongé
Le temps réel
Le temps compressé

Temps allongé

Plus lent que le temps réel. Par exemple, une scène de combat qui serait présenté au ralenti et/ou sous différents angles. Une scène d’action qui ne prendrait que quelques secondes en temps réel et qui prendrait plus d’une demi-minute en film. Cette technique est souvent utilisée lors d’explosion ou de combats. Quand vous augmentez le temps dans une vidéo, vous rendez la durée d’un segment visuel plus longue que le temps réel. C'est relativement rare - ce n'est pas souvent ce que vous voulez que votre auditoire voit, quelque chose plus lentement que ce s'est produit réellement.

Toutefois, il y a quelques exceptions évidentes. Peut-être le plus commun est la reprise vidéo au ralenti lors d’événements sportifs, où un segment d'action qui a eu lieu en temps réel en quelques secondes est ralenti et répété jusqu'à ce qu'il prenne une demi-minute ou plus. Ce type de temps allongé est employé pour ajouter l'impact, de l'information additionnelle, ou pour aider le spectateur à traiter l'information qui serait trop rapide en temps réel. Dans des cas extrêmes tels que l'assassinat du Président Kennedy, des documentaires entiers ont été basés autour de quelques morceaux de film durant seulement quelques secondes chacune.

Il existe plusieurs techniques pour allonger le temps…

RALENTI (Slow Motion)
En diminuant simplement la vitesse d'un segment, ce procédé a pour effet d’augmenter sa durée.

REMODELAGE DU TEMPS (Time Remapping)
Cette technique est devenue populaire autour du début du 21e siècle lorsque les logiciels de montage ont commencé à inclure cette possibilité. Fondamentalement, il signifie que le monteur n'est pas limité à placer une seule vitesse pour un segment; plutôt, la vitesse peut être changée doucement dans le temps. Une scène peut commencer en temps réel et graduellement (ou rapidement) augmenter en vitesse. La vitesse peut aller en augmentant et en diminuant comme l’entend le monteur.

RÉPÉTITION / ANGLES VARIÉS (Repetition, Different Angles)
Les mêmes images peuvent être montrées dans des angles multiples et être répétées. C'est commun dans les sports et c’est également employé dans des films d'action (remarquez comment des explosions sont montrées de différents angles). Alternativement, des choses qui se produisent simultanément dans différents endroits peuvent être montrées dans l'ordre. Dans Pulpe fiction, par exemple, un certain nombre de scènes sont montrées l’une après l'autre et sont censées avoir eu lieu en même temps ou dans un ordre différent. Ajouter des cutaways et différents angles peut faire ressortir un événement qui serait très rapide en temps réel. L’annonce du gagnant lors d’un jeu-questionnaire à la télé en est un parfait exemple. Après un habillage très long, au moment final où le gagnant (ou le perdant) est annoncé, le monteur veut créer un apogée. Il y a généralement, une longue attente entre dire « … le gagnant est… » et l'annonce réelle. Si seulement un segment large était montré, cette pause semblerait artificielle. Mais en employant une série de plans (concurrents semblant impatients, juges semblant songeurs) l'auditoire accepte l'attente et s'engage dans le suspens.

Le temps réel

Le temps dans la vidéo est exactement le même que celui utilisé lors de l’enregistrement. Par exemple : une performance musicale en direct, événements sportifs, un segment complet de scène sans interruption de l’enregistrement.

Les segments en temps réel sont communs dans quelques genres cinématographiques (par exemple: sports, couverture d'événement, musique) mais rare dans la vidéo de fiction telle que le drame, comédie, etc.

La vidéo en temps réel peut être un défi, particulièrement si vous tournez avec une seule caméra. Si la scène est assez statique, il ne devrait pas y avoir de problème (par exemple: un concert de piano), mais si vous essayez de suivre une scène dynamique tout en marchant avec une caméra, vous devrez être certain que la longueur de votre segment tourné est 100% utilisable.

La manière la plus simple de contourner ce problème est d'employer plusieurs caméras. Les événements sportifs ont souvent des douzaines de caméras ou plus positionnées à différents angles, ce qui permet au monteur de toujours employer la meilleure séquence tournée, et les caméras peuvent être repositionnées quant elles ne sont pas utilisées.

Quelques vidéos de musique se font un devoir d'employer un segment pour la vidéo entière. Ceci peut être très efficace et créer un point de discussion. Une variation de vidéo en temps réel est une histoire arrangée en série quotidienne telle qu'un roman-savon (Virginie, par exemple). Bien que chaque épisode individuel contienne une histoire comprimée, la série en général se développe plus ou moins en temps réel. Une année de la série prend une année dans la réalité. De cette façon, le spectateur se sent comme s’il suit la vie des personnages au quotidien. Un autre exemple légèrement différent de « pseudo vrai temps » est la série télévisée 24 heures chrono. Chaque épisode est dépeint comme se déroulant une heure à la fois par épisode d’une heure. Un certain nombre de tours intelligents sont utilisés pour créer cette illusion, comportant une combinaison d'expansion de temps et de compression de temps. Naturellement la série doit également tenir compte des coupures commerciales.

Temps compressé

C’est de loin la méthode la plus courante. L’histoire qui se déroule sur une très longue période de temps et qui ne pourrait pas être utilisée complètement de par sa longueur et qui se retrouve amputée, grâce à certains trucs pour compresser la durée et la rendre acceptable. L’histoire pourrait se tenir sur une période de plusieurs jours, mois ou années tout en étant suffisamment compressée pour occuper une ou deux heures de temps de projection.

Quand vous comprimez le temps dans une vidéo, vous rendez la durée plus courte que le temps réel. La compression de temps est au coeur du montage vidéo et est employée dans la plupart des productions dans une certaine mesure. C'est une compétence critique - n'importe quel bon monteur doit comprendre comment cela fonctionne. Il y a beaucoup de techniques que vous pouvez l’imaginer pour comprimer le temps. Voici un survol de quelques-unes des plus rependues…

TIME LAPSE (Fast Motion)
La manière la plus simple de comprimer le temps est simplement d'accélérer le segment. C'est idéal pour des scènes où l'action a lieu dans un endroit sur une longue période de temps, par exemple, la construction d’un bâtiment.

REMODELAGE
Comme mentionné précédemment, le temps remodelé permet au monteur d’augmenter la vitesse d’un segment. Lorsqu’utilisée pour l'expansion de temps, la vidéo est ralentie. À l’inverse, utilisée pour la compression du temps, la vidéo est accélérée.

Par exemple, imaginez une scène dans un documentaire de voyage au cours duquel un présentateur marche autour d'une attraction touristique. Traditionnellement la scène utiliserait des coupes et des segments b-roll (voir la description «b-roll» plus bas dans la section) pour obtenir une partie de l'attraction jusqu’à la prochaine sans montrer la marche du présentateur entre elles. Avec du temps remodelé, la scène pourrait être en temps réel alors que le présentateur explore une partie de l'attraction, puis pendant qu'il marche jusqu’à la prochaine portion, la caméra continue d’enregistrer l’attraction et l'action est accélérée. L'auditoire effectue la marche en entier, mais beaucoup plus efficacement.

Techniques de montage du temps compressé

Maîtriser les « cuts » pour garder le rythme

Les coupures (cuts)

L'utilisation soigneuse des coupes peut dépeindre le passage du temps. C'est l'une des techniques de compression les plus importantes à comprendre - elle est omniprésente dans la production de film.

Employer des coupes demande simplement une planification soigneuse afin d’obtenir le passage d'un segment à un autre qui est plus tardif dans le temps, sans que ce soit inconfortable.

Par exemple, disons que le sujet d'une séquence est « un enfant se préparant pour l'école». Plutôt que d'inclure des segments de chaque étape dans le processus, la séquence peut employer une demi-douzaine de segments soigneusement choisis pour représenter la séquence en entier. Un segment de la préparation du déjeuner peut mener à un segment de l’enfant qui mange - vous n’avez pas à inclure le moment où l’on met la table, etc. En fait, vous n'avez probablement pas besoin d'inclure la préparation du déjeuner non plus - si vous voyez quelqu'un manger le déjeuner, votre subconscient remplira les espaces manquants au sujet de la préparation du repas. C’est un moment implicite et qui n’a pas besoin d’être vu.

Placez les segments de différents sujets dans l'ordre pour aider à passer le temps. Par exemple, un segment d’une personne se réveillant est suivi de quelqu'un d'autre dans la cuisine, puis la première personne arrive dans la cuisine. Le téléspectateur n'a pas eu besoin de voir la première personne sortir du lit ou mettre leur robe de chambre.

C'est une bonne idée de commencer de nouveaux segments par le sujet hors du cadrage. Par exemple, un segment de la mère peignant les cheveux d’un enfant peut être suivi d'un plan extérieur de la maison où la porte s'ouvre et les sujets émergent portant leurs sacs. Le subconscient du spectateur complète l'espace où le peigne a été rangé, l’enfant a pris son sac et la mère a pris son sac à main.

Le fondu au noir

Quelques transitions visuelles impliquent un changement dans le temps. Par exemple, vous pouvez insérer un fondu au noir rapide (fondu au noir et fondu du noir) dans un segment à un moment où vous enlevez une section. C'est commun dans des segments d'entrevue - le téléspectateur comprend que vous avez sauté légèrement en avant dans le temps. Le fondu au blanc est également commun, bien que ce soit employé souvent pour dépeindre un saut dans un temps différent (par exemple: retour en arrière). Un fondu au noir lent suivi d’un segment différent suggère plus de temps qui passe que dans un fondu au noir rapide.

A - B roll

Un segment B-Roll (segment autre que l'action principale) peut être employé pour dissimuler le temps enlevé de la même manière qu’un fondu au noir. Par exemple, dans une entrevue vous pouvez enlever des portions non désirées et couvrir le délai en utilisant des coupes ou des insertions. Dans l’exemple ci-contre, le pompier interviewer est le A roll et un complément en image est le B roll. On utilise ici le B roll afin de minimiser l'effet neutre d'une personne qui parle sans bouger en insérant des images de camions de pompiers qui ajoutent un élément dynamique à l'entrevue.

FINALEMENT

Ne comptez pas toujours sur les mêmes techniques pour comprimer le temps, au point où vous devenez prévisible ou artificiel. La vidéo semblera idiote si chaque séquence commence par le sujet hors champ. Diversifiez et employez différentes manières de réaliser le même effet de compression du temps. Les différentes situations réclament différents niveaux de manipulation de temps. Si vous racontez une histoire qui a lieu à l'école, vous voudrez probablement comprimer le temps utilisé pour voir la préparation de l’élève le matin. Cependant, si la vidéo est au sujet des qualifications parentales, vous pourriez vouloir passer beaucoup plus de temps montrant les tâches reliées à la préparation. Différents détails pour différents auditoires. De toutes les techniques de manipulation du temps, le plus important et plus difficile à maîtriser est la compression du temps. Pensez aux manières pour raccourcir le temps et pratiquez différentes méthodes. Vous trouverez probablement quelques trucs que vous pourrez utiliser avec consistance, mais vous devrez esseyer d'avoir une variété d'options. C'est l'une des qualifications primordiales d'un «storyteller». Assurez-vous d’investir les efforts nécessaires afin de bien maîtriser cette technique. 

L'utilisation des transitions

L’effet utilisé pour assembler deux séquences d’image l’une à l’autre s’appelle «la transition». La transition est très importante au moment du montage de vos scènes. Le directeur photo et le monteur doivent avoir une compréhension parfaite du processus afin d’obtenir un effet de transition efficace. Les transitions peuvent être très agréables à utiliser, mais attention, la sur utilisation des effets de transition peut s’avérer une erreur commune faite par des amateurs. 

Dans la majeure partie des productions professionnelles, presque toutes les transitions sont de simple «coupe» (straight cut) ou des fondus enchaînés (crossfades). Les transitions animées peuvent distraire et agir sur la fluidité du montage final. Même s’il s’avère important de choisir un effet de transition approprié, le vrai enjeu est de déterminer si deux segments vont bien ensemble. Demandez-vous :
Que désirez-vous accomplir avec la transition ?
Est-ce que les deux segments vont bien ensemble ?
Est-ce que la transition a un sens propre ou semble-t-elle confuse ?
Fait-elle progresser l’histoire et/ou l’action ?

La coupe (cuts in/cuts out)

La coupe est le type le plus commun de transition visuelle. Il s’agit simplement de remplacer une prise par une autre. Quand vous tournez un segment avec votre caméra, il y a une coupure entre chaque segment, c’est-à-dire entre l’arrêt de l’enregistrement du premier segment et le début d’enregistrement du suivant. Les deux segments sont alors séparés par une coupure. Dans l’édition vidéo en direct, les coupes sont rapides et efficaces. Une fois qu'une scène a été établie, les coupes sont la meilleure manière de garder le roulement d'action à un bon rythme. D'autres types de transition peuvent ralentir le rythme et même lui nuire. Naturellement il y a quelques situations où des transitions de fantaisie sont de mise. Certains genres de télévision, par exemple, s’appuient sur une variété de transitions. Même dans ce genre de production cependant, notez combien de transitions sont encore les coupes simples. Une erreur commune parmi les amateurs est d'éviter la coupe en faveur du showiness, ajoutant des effets de glisse et des effets entre chaque segment. Apprenez à éviter la tentation et rester concentré sur la simplicité. Les segments sont ce que l’auditoire veut voir, et non combien de transitions votre programme de montage peut faire.

Fondu enchaîné (crossfade)

Une transition graduelle d’un segment à l’autre où le premier segment se dissout alors que le deuxième apparaît lentement s’appelle un fondu enchaîné (crossfade/dissolve/mix). Un fondu enchaîné est plus lent et plus doux qu’une coupe. Il peut être employé dans les situations comme:

Ralentissement du rythme d'une vidéo.
Créer une humeur, par exemple: relaxation, attention, etc.
Montrer une séquence de plan scénique.
Montage de photo.
Donner un sens de passer le temps ou de changer d'endroit.

La vitesse de la transition de fondu enchaîné peut varier entre quelques images (pour le contenu relativement rythmé) à plusieurs secondes. Un fondu enchaîné lent ou inachevé peut également être employé pour créer des effets visuels superposés.

Fondu au noir (fade to black)

Un fondu au noir se produit lorsque le segment se dissout graduellement vers (ou de) une couleur, habituellement le noir ou le blanc. Le fondu au noir est différent du fondu enchaîné, qui est une transition directement entre deux segments plutôt que d'un segment à une couleur. « Fondu du noir » et « fondu au noir » sont omniprésents dans le film et la télévision. Ils signalent habituellement le commencement et la fin d'une scène. La synchronisation du fondu indique l'importance du changement dans le temps et/ou de l'endroit entre les scènes - un fondu au noir plus lent avec plus de temps passé sur le noir indique une fin/commencement plus significative. Un fondu au et du noir rapide pourrait indiquer un espace temps de quelques minutes ou de plusieurs heures, tandis qu'un long fondu au noir indique un changement beaucoup plus grand.

Parfois, deux fondus au noir rapide ensemble peuvent former une transition simple semblable à un fondu enchaîné. Par exemple, un segment effectue un fondu au blanc très rapidement avant un fondu du blanc de nouveau dans le prochain segment. De telles transitions habituellement durent moins qu'une seconde et s'appellent «un dip», par exemple «dip» au blanc ou «dip» au noir. Note : Dans beaucoup de situations de production, un fondu au noir réfère spécifiquement à un fondu acoustique plutôt que vidéo. Dans ces situations le fondu au noir d’une vidéo pourrait s'appeler un mixe au noir ou quelque chose de semblable.


Balayage (Wipe)

Dans une vidéo, un balayage remplace progressivement un segment par un autre dans un modèle géométrique. Il y a beaucoup de types de balayage, des lignes droites aux formes complexes. Les balayages ont souvent une bordure colorée aidant à distinguer les deux segments pendant la transition. Les écrans séparés (split-screens) emploient souvent un balayage. Un trait horizontal balaie de gauche ou de droit dans le milieu du segment, indiquant le nouveau segment dans cette moitié. Les balayages sont une bonne manière d’indiquer un changement de lieux ou de point de vue.

Effets digitals

La plupart des applications d’édition offrent un grand choix de transition numérique avec divers effets. Il y en a un trop grand nombre pour les énumérer tous ici, mais ces effets incluent le remplacement de couleur, les effets animés, la pixelisation, les baisses de foyer, les effets de lumière, etc. Beaucoup de caméras incluent également des effets numériques, mais si possible il est préférable d’ajouter ces derniers au cours de la post production.